Le Séminaire international de Dakar, fruit de la coopération entre l'Ecole Nationale des Travailleurs Sociaux Spécialisés (ENTSS) de Dakar, l'Ecole supérieure de praxis sociale (ESPS) de Mulhouse et l'Institut de formation, recherche, animation, sanitaire et social (IFRASS) de Toulouse, est un espace d'échanges et d'élaboration touchant à la mobilité des savoirs et savoir-faire en travail social et sanitaire.

Après ses premières éditions de 2015 et 2017, sur les thèmes "Protection de l'enfance, développement de l'enfant" puis "des mutations familiales et du devenir-sujet dans l'action socio-éducative", cette prochaine rencontre propose de réfléchir sur "l'intervention sociale et sanitaire en situation d'interculturalité", en mettant l’accent sur les pratiques de terrain et de recherche.

Si l’intérêt porté au champ de l’interculturel est relativement nouveau, ce paradigme du moment ne doit pas occulter qu’il s’agirait au fond d’une manière d’actualiser une question très ancienne dans l’histoire des sociétés humaines : le rapport à l’Autre. Que ce soit à travers la dimension religieuse, politique ou culturelle, celles-ci n’ont eu de cesse d’organiser la rencontre à Autrui. Les sciences humaines se sont intéressées - certaines avant d’autres certes - à cette question de la représentation de cet Autre et de la place que « je » lui confère dans mon univers de pensée et d’action ? Aussi s’agirait-il autant de Moi que de l’Autre, de nos interactions communes, avec leurs charges personnelles respectives. Pourquoi donc ce regain d’intérêt, cette préoccupation, pour une altérité « culturelle » s’imposant plus que jamais comme figure de réciprocité interindividuelle voire d’intersubjectivité ? Comment cet interculturel-là prendrait-il place de nos jours à travers les modes opératoires et réflexifs dans les champs de la santé et du social ?

AXE 1 – POUR UNE ETHIQUE DE LA CONNAISSANCE

Le rapport du sujet à sa culture est envisageable selon deux modes : ontologique et instrumental (M. Abdallah-Pretceille 1999), dont le professionnel peut se saisir pour pouvoir rendre compte des logiques d’action, des pratiques sociales et des comportements « différents ». La fonction ontologique représente ce que le sujet va mobiliser dans sa culture pour se définir lui-même et dire aux autres qui il est, tandis que la fonction instrumentale est ce qui va lui permettre de négocier des éléments de sa culture pour s’adapter à un environnement qui n’est pas le sien. En quoi, l’être interculturel est une dynamique de création et d’autocréation, de production et d’autoproduction... Il reviendrait alors d’en décrypter, suivant une éthique de la connaissance, les mécanismes d’une pratique professionnelle éclairée et ajustée en situation d’interculturalité. Les interventions dans cet axe permettront de circonscrire les bases et les orientations d’une approche interculturelle dans les champs de la santé et du social.

AXE 2 – VERS UNE PRATIQUE AVISEE   

A partir de témoignages ou expériences pratiques, cet axe devrait ouvrir à des élaborations autour de la question de l’interculturalité en santé et en social.  Il donnerait à voir les tenants d’une pratique professionnelle interculturelle dans les pays représentés au cours de ce séminaire. Ce sera l’occasion de mettre en miroir divers modes opératoires à partir des données institutionnelles et sociopolitiques différenciées.
Ainsi pourront émerger des repères en vue de « bonnes pratiques » en situation d’interculturalité : des éléments transférables, renforçant la prise en charge locale des publics concernés. 
AXE 3 – COMMENT FORMER ET QUE TRANSMETTRE ?

Concernant les écoles de formation, nous nous interrogerons sur leurs préoccupations et leur pédagogie voire leur didactique de l’interculturel. Quelle vision en entretiennent-elles en leur sein, et selon quelles modalités la transmettent ou la partage-t-elle avec le public d’étudiants et de formateurs « école » et « terrain » ? Et en quoi les « mobilités » de stage ou d’étude, de formation ou d’enseignement, entrantes et sortantes, viennent soutenir une prise en considération de l’interculturel ? Comment et en quoi ces mobilités contribuent-elles à enrichir une posture d’apprenant ou de formateur et, de façon plus générale, la dynamique institutionnelle autour du cœur de métier qu’est la formation ? 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :