Quelles violentes dispositions, Mesdames et Messieurs, députés et sénateurs de France. Arrêtez de nous monter les uns contre les autres : nous voulons la concorde !
Avec votre nouvelle "loi sur l'immigration", vous nous dites désormais qu'il est des humains, même enfants, moins dignes que d'autres, des citoyens français qui le seraient moins que d'autres, des travailleurs qui auraient moins de droits que d'autres, des familles qui seraient d'office vouées à l'errance et à l'indigence, des jeunes qui ne devraient plus accéder aux études supérieures et laboratoires universitaires, des malades, des personnes âgées ou en situation de handicap... qui n'auraient plus accès aux dispositifs de prise en charge...
Tout ceci parce que vous avez décidé de les cantonner, par entourloupe politicienne, à une étiquette : "Étranger", en faisant ainsi un stigmate caricaturant leur humanité. Pour vous, ce sont des potentiels délinquants, criminels, terroristes... qui menaceraient la France et ne seraient venus (ou nés) ici que pour recueillir des aides sociales... Une vision dégradée des dispositifs visant à préserver la dignité humaine.
Voilà à quoi nos parlementaires nous assignent... Une vision de l'immigration hors-sol, loin de la réalité : un ramassis de clichés sur l'étranger remontant au 19ème, faisant le lit de l'extrême droite raciste. Cette dernière jubile, se frotte les mains, car elle voit son heure poindre ! Avec le retour de la catégorisation des humains, c'est la France qui régresse : l'ère de "l'indignité" consacrée par ceux qui auraient dû la faire reculer. Le "devenir de l'indignité" ne se fait plus attendre, elle est bien là désormais. Les constats de la philosophie et psychanalyste C. Fleury sont malheureusement avérés (cf. Cynthia Fleury, Clinique de la dignité, Ed. Seuil, 2023). Le "Brutalisme" (Ed. La Découverte, 2020) et les "Politiques de l'inimitié" (Ed. La Découverte, 2016) dénoncés par le politologue Achille Mbembe, tout comme les "mécanismes de l'humiliation" auxquels nous sommes devenus insensibles selon le philosophe éthicien Olivier Abel (De l'humiliation. Le nouveau poison de notre société, Ed. Les Liens qui Libèrent, 2022), trouvent leur parfaite illustration dans le texte de cette loi... votée à la Pyrrhus !
Qui se souvient encore de la République avec sa belle devise : Liberté, Égalité et Fraternité ? Où est donc passé l'héritage des visionnaires, rassembleurs, combattants de la République : les sages politiciens qui nous ont fait rêver de la belle France, celle des droits humains !
Nous réclamons le retour aux valeurs fondamentales et humanistes de la République : la France fraternelle, black-blanc-beur. Nous voulons la paix et non la division, l'exclusion et le racisme. Messieurs et Mesdames, députés et sénateurs, arrêtez de nous monter les uns contre les autres !