Introduction à la Semaine Internationale de l'IFRASS, octobre 2016
L’année 2008 est connue comme celle du début d’une crise qui marque encore aujourd‘hui les nations du monde entier (Alexis Trémoulinas, Comprendre la crise). En effet, à quelques rares exceptions, la plupart d’entre elles connaissent depuis une forte augmentation des situations de précarité, notamment chez les jeunes dans leurs divers profils (P. Bourdieu, La jeunesse est mot…), comme en témoignent nombre d’études dans les pays de l’Union Européenne (Cf. Publications Eurofound).
Si la crise prend source dans les sphères spéculatives de la finance, son impact sur l’économie réelle demeure sans rémission au point d’avoir déstabilisé tout le système productif et par ricochet celui de l’emploi, ce pivot de toutes les sécurités dans le système social européen (R. Castel, La montée des incertitudes…). En l’absence de cette protection majeure ou, tout au moins, des conditions la garantissant, les personnes touchées risqueraient de se retrouver en situation d’exclusion. Ainsi, témoignent plusieurs enquêtes au sein de l’U.E., les populations juvéniles sont parmi les plus exposées au phénomène, quels que soient les indicateurs pris en compte[1].
Si, d’une manière ou d’une autre, les jeunes sont souvent concernés dans leur parcours de vie[2], il est une catégorie d’entre eux qui l’est davantage en cette période (Eurostat). Il s’agit de ceux que la classification sociale européenne désigne comme des « jeunes NEET », Not in Employment, Education or Training (sans emploi, éducation ou formation)[3], même si leur situation varie selon les pays (Etude Eurofound).
La première question qui se pose est celle de leur visibilisation, à savoir qui sont ces jeunes, où et comment les atteindre, car ils sont par définition éloignés des lieux institutionnels et ils ne sont pas directement joignables. Nous mesurons combien il pourrait être édifiant d’entendre les témoignages et analyses de nos partenaires comme Martin Wagener, sociologue et Maître Assistant à l’Institut Supérieur de Formation Sociale et de Communication (ISFSC) de Bruxelles, par ailleurs éducateur avec une longue expérience institutionnelle auprès du public visé.
Au niveau de l’Union Européenne, la catégorie des jeunes NEET est composée des personnes âgées de 15 à 24 ans – 8 millions environ - se retrouvant sans travail et hors système éducatif, avec un risque d’être durablement exclues du marché de l’emploi et à terme de la société. Mais en amont de cela, la littérature s’interroge sur les facteurs de risque eux-mêmes. Reviennent ainsi souvent dans les enquêtes européennes (Eurofound) : le handicap, l’origine ethnique ou nationale, le faible niveau d’éducation, l’isolement géographique, le capital socio-économique et culturel de la famille, le divorce des parents… comme autant d’éléments exposant le jeune à la sortie des dispositifs institutionnels. Il s’agit des points de rupture bien connus dans le travail social où ils se rencontrent souvent sous une forme cumulée. Mais la question ici est de savoir comment s’y appuyer pour une intervention ou un accompagnement adapté au public NEET. Yves Ferdin, psychologue et directeur de l’Aide en Milieu Ouvert (AMO) « La Rencontre » de Mons (Belgique) et Marie-Claire Dieu, administratrice de l’AMO et enseignante à le Haute Ecole en Hainaut, ont par leur pratique des éclairages utiles à nous apporter.
Il conviendrait de relever aussi que la catégorie juvénile visée n’est pas monolithique. En effet, celle-ci différencie des jeunes « contraints » par le handicap, la maladie, le chômage, la rupture ou la charge familiale, le manque de réussite éducative ou scolaire… et ceux qui détiennent un tant soit peu la maîtrise de leur situation : des exclus des cadres institutionnels certes, mais d’une certaine façon « motivés ». Il n’est pas de doute que l’écoute ou l’accompagnement social, quand les conditions en sont réunies, tirerait bénéfice de ce constat. Mais alors, quel type de savoir et savoir-faire mobiliser pour y parvenir ? L’expérience de Sandra Stade, directrice d’un village d’enfants à Grasi (Lettonie), sera des plus édifiants.
Mais au-delà des pratiques d’intervention, en institution ou en milieu ouvert, il s’agit de s’interroger sur les cadres politiques et institutionnels d’exercice. La question des jeunes NEET est aujourd’hui dans les visées des décideurs politiques européens. Ainsi, quels sont les dispositifs de prise en charge mis en œuvre aujourd’hui et, notamment, leurs effets sur les publics et leur situation ? A ce stade, il paraît opportun de solliciter le regard critique et l’engagement du professionnel face aux dispositifs d’action existant. Nous ne devrions pas manquer de répondant en cette rencontre internationale, car tous nos invités sont impliqués dans le travail quotidien d’accompagnement des jeunes en précarité, comme Monique Calvet, responsable de la Maison des femmes à Albi.
Cette prise de distance semble importante d’autant plus qu’aux yeux même des experts - parmi eux les moins pessimistes - les effets sociaux de la crise n’auront de cesse de s’intensifier tant que prévaudra le paradigme concurrentiel de « la croissance » (François Denord et Antoine Schwartz, L’Europe sociale n’aura pas lieu…). Il y aurait donc urgence à se réinventer tout au moins à innover afin qu’adviennent de nouveaux espaces de vie plus inclusifs, horizons d’espoirs pour l’Europe et le monde. Sans cela, « la crise » continuerait d’être le paradigme ordonnateur de tout par sa seule évocation (Michel Maffesoli, La crise est dans nos têtes…). Ne serions-nous pas alors tombés sous le règne d’un genre de « totalitarisme de la crise » avec son cortège de privations et de négations individuelles (Edgar Morin, La voie…) ?
C’est alors que cette crise ne saurait nous laisser dans l’indifférence en tant qu’agents du travail social, praticiens du « care », passeurs de vies et raccommodeurs de liens[4]. N’appelle-t-elle pas un regard avisé à la fois sur ce public NEET émergeant dans l’espace social européen, et sur les pratiques mises en œuvre dans les cadres institutionnels d’exercice ? Ne serions-nous pas aussi des « refondateurs » du lien social ? Alors comment nous y prendrions-nous en partant de nos positions et nos sociétés respectives ?
Avec les contributions d’Annamaria Buda responsable du service social luthérien de Budapest (Hongrie), confronté à la nouvelle donne qu’est la crise dite des migrants, et d’Abdoulaye Thiam directeur de l’Ecole Nationale des Travailleurs Sociaux Spécialisés (ENTSS) de Dakar, ville où les jeunes disent désormais publiquement leur impatience aux politiques, permettront d’aborder la question de l’innovation en travail social, tout au moins des « pratiques différenciées », celles-là même qui sont au cœur de l’expérience des formateurs et étudiants ayant effectué une mobilité l’année passée.
Un tel questionnement dépasse certes le cadre thématique des jeunes NEET, mais il rejoint l’objectif principal de notre semaine internationale : mettre en chemin les étudiants entrant en formation face à la pluralité des mondes et des formes en travail social. Il s’agit donc d’un temps de sensibilisation, un temps d’initiation au « parcours international », en étroit lien avec le projet même de l’IFRASS et ses partenaires d’ici et d’ailleurs.
Paul Mayoka, IFRASS
English translation for Partners :
"Precarious young people in Europe: Social Work with those who are in NEET situation[5]"
The year 2008 is recognized by economic experts like the beginning of a crisis that still affects today the nations of the world (Alexis Trémoulinas, Comprendre la crise). Indeed, with few exceptions, most of them are experiencing a sharp increase in precarious situations, especially among young people in their various social profiles (Bourdieu, Youth is the word ...), as evidenced by number of studies across countries of the European Union (see Publications Eurofound).
If the crisis is rooted in speculative spheres of finance, its impact on the real economy remains relentlessly enough to have destabilized the entire production system and by extension that of employment: pivot of security in the European social system (R. Castel, La montée des incertitudes ...). And it is in the absence thereof, at least the conditions to reach this, the persons concerned may be in "precarious situation". Thus, reflected in surveys in European countries, juvenile populations are particularly affected by the crisis whatever the considered indicators.
If young people as a whole are well marked in their life course, since the beginning of the crisis, there is a class of them that is more in this period (Eurostat). It is those European social classification designates as NEET young people (those who are "Not in Employment, Education or Training”), even if the situation varies across countries (Eurofound Studies).
The first question that arises is their visibilisation to know who and where are these young people, and how to reach them because they are distant from of institutional places? We measure how much it might be instructive to hear from our partners, including professionals in the field, on this aspect of our questioning.
At the European Union, the youth NEET category is made up of people aged 15 to 24 - approximately 8 million - without work and outside the education system, with a risk of being permanently excluded from the market of employment and ultimately society. But ahead of this literature examines the risk factors in a preventive aim. Some of them are often mentioned in European surveys (Eurofound): disability, ethnic or national origin, low education, geographic isolation, family socio-economic and cultural background, parental divorce… as exposing the young to the output of the institutional devices. It is well known breakpoints in social work where they are often combined. But the question is: how to consider that for an intervention or support tailored to the public NEET?
It should also be noted that this juvenile category has a certain heterogeneity which distinguishes young people constrained by disability, illness, unemployment, family breakdown or burden, lack of educational and academic success ... and those who have a control over their situation, those who are in some way "motivated". There is no doubt that listening or social support, if it could be held, that would be built on these features. But then, what kind of knowledge and skills to implement in order to achieve it.
But beyond practices, in or out the institutional environment, it is also to question the policies and institutional frameworks of exercise. The issue of young NEETs is now in the target of European policy makers. So what are the support systems implemented today, and in particular their effects on public and their situation? At this point, it seems appropriate to apply the critical and commitment of professional face to existing action devices.
This position seems important especially as even the eyes of experts - among them the least pessimistic - the social effects of the crisis will not cease to worsen as prevail competitive paradigm of "growth" (François Denord and Antoine Schwartz, L’Europe sociale n’aura pas lieu ...). It would therefore urgent to reinvent itself at least to innovate to What happens to new social living spaces: horizons of hope for Europe and for the world. Without this "crisis" would turn into an idea by its sole operating evocative force (Michel Maffesoli, La crise est dans nos têtes...). Would not we be then under the rule of a sort of "totalitarianism of the crisis" with its attendant denials of individuals and their fundamental humanity (Edgar Morin, La voie: pour l’avenir de l’humanité ...)?
That's when this crisis challenges us in many ways as agents of social work. Does not it called our attention notified to both the public NEET emerging in the European social action, and the practices implemented in the political and institutional framework of exercise. Are we not also "refounding" of social ties? So how do we would take it from our positions and our countries?
[1] Voir les études publiées par la Fondation européenne pour l’amélioration des conditions de vie et de travail sur Les jeunes et les NEET en Europe : premiers résultats, Dublin, 2012.
[2] Chômage et attente de longue durée avant l’entrée dans la vie active, contrats de travail précaires, emplois aidés… en somme, des dispositifs de soutien ou d’insertion peu prometteurs voire inexistants. Alors que les directives européennes poussent à la formation et à l’emploi des jeunes, ceux-ci sont toujours les derniers à entrer dans le monde du travail et les premiers à en sortir en période de récession
[3] L’acronyme NEET vient du Royaume Uni, depuis les années 80, avant de se répandre au sein de l’UE et d’être adopté par ses instances
[4] Travail social entendu au sens général de l’ensemble d’activités de soutien ou d’accompagnement des personnes ou groupes en difficulté sociale ou socio-éducative
[5] Not in Employment, Education or Training
IFRASS - ECHO DE LA SEMAINE INTERNATIONALE 3 – 7 octobre 2016
La semaine internationale 2016 : « Précarité des jeunes en Europe - travail social auprès des jeunes NEET (Not in Employment, Education or Training) », se termine dans une ambiance plutôt récréative et conviviale ce vendredi 7 octobre après-midi. Se sont retrouvés autour des victuailles, jeux, danses et musiques du monde, des formateurs et étudiants des filières ES, EJE et quelques ME de l’IFRASS, mais aussi des ASS de l’ERASS : près de 120 participants pour ce temps de clôture - un peu moins qu’en semaine, les étudiants et formateurs de La Rouatière étant déjà repartis. La matinée a été réservée à des temps de reprise thématique en petits groupes, instances de bilan où les étudiants ont eu toute latitude de réagir par rapport aux contenus de la semaine, et de présenter des pistes prolongeant les réflexions amorcées en plénières ou en ateliers. Et ils ont plutôt joué le jeu ! La sensibilisation à l’international, notamment l’information sur les mobilités, à travers les présentations du bilan Ifrass-International et des dispositifs d’aide (par F. Bacqua de la Région Occitanie), et les retours d’expériences de leurs homologues, a fait l’objet d’une grande attention chez nos étudiants, même ceux qui n’envisageraient pas d’emblée de partir en stage ou étude à l’étranger. C’est dire combien la semaine est génératrice d’une dynamique d’ouverture à l’International dont le caractère formatif est de plus en plus marqué. Les présentations étudiantes ont moins fait cette année dans l’anecdotique et l’exotisme pour se recentrer autour du projet de formation, sans toutefois se départir de l’expérimentation humaine et de la curiosité qu’impose le séjour à l’étranger. Du coup, les questions de l’auditoire ont souvent porté sur l’évolution du projet de départ et les conditions de sa réalisation, les compétences ou qualités acquises ou développées, les professionnalités observées sur le terrain, etc. L’engagement et le professionnalisme de nos partenaires belges (M-C Dieu, HEH de Mons, M. Wagener, ISFSC de Bruxelles, et Y. Ferdin, AMO La Rencontre), lettonne (S. Stade, Village d’Enfants de Grasi), hongroise (A. Buda, Service Social Luthérien de Budapest ) et sénégalaise (Y. Gassama-Diop, ENTSS de Dakar) ont été d’un niveau et d’une qualité exemplaires, tels que des étudiants auraient souhaité plus d’ateliers - un paradoxe, car les années passées on a entendu parfois la remarque inverse !
IFRASS Erasmus-International
Les apports des partenaires, en ateliers ou en plénières, ont permis aux étudiants d’avoir non seulement des informations sur les lieux de stage et leur environnement social et politique à l’étranger, mais aussi de s’ouvrir à un regard comparatif des pays représentés autour des dispositifs d’accompagnement des jeunes, notamment ceux qui ne sont « ni en Emploi ni en Formation ». Quelques atypismes méritent d’être relevés. Il s’agit d’abord du temps d’atelier animé par Françoise Constantin, formatrice bien de chez nous car de l’ETES de Marvejols, sur le travail social au Burkina Faso – où elle a mis en place un dispositif d’échanges étudiants. Elle a parlé des pratiques éducatives des structures accueillant du public jeune ainsi que du positionnement du stagiaire arrivant de France. Une rencontre inédite que celle de Mme Annamaria Buda. Elle a évoqué le travail social dans son pays la Hongrie, à travers le rôle prépondérant des institutions religieuses et leur résistance, contenue mais déterminée, face à la politique gouvernementale de l’immigration. Naturellement, cela a donné lieu à quelques interrogations de la part des étudiants auxquelles notre hôte a su répondre en situant bien le contexte socio-historique singulier de ce pays – jadis membre du bloc est-européen. On a assisté à des réactions presque semblables à la présentation du système de protection de l’enfance letton par Sandra Stade, principalement lorsqu’elle évoque l’alcoolisme des parents comme la première cause de placement, ou encore le pouvoir décisionnaire des services sociaux en la matière. Les échanges avec l’intervenante ont permis aux étudiants de prendre la mesure d’une part des écarts pouvant exister entre les pays, au sein même de l’UE, et de l’autre de la qualité du travail effectué au sein du Village d’Enfants de Grasi – que nous connaissons depuis plusieurs années par le biais des stages étudiants. Nous noterons aussi le relief pris par la question de l’Europe sociale lors de ces reprises thématiques. Pour certains étudiants, il s’agit là d’un idéal qui peine à se traduire en actes par manque de volonté politique. Et de pointer du doigt l’économie de l’intéressement comme captant les faveurs des politiques aujourd’hui, au détriment des attentes des peuples… D’autres constatent cependant des engagements sociaux réels dans l’action européenne. Point de vue soutenu par Y. Ferdin tout en déplorant combien l’idée même de l’Etat-Social est devenue une chose honteuse. La perspective d’une Union sociale en Europe n’a de cesse de s’éloigner.
IFRASS Erasmus-International
Y. Ferdin, M.-C. Dieu et M. Wagener, mais aussi O. Bernet (de l’IFRASS), ont porté et développé auprès des étudiants le thème directeur de la semaine : les jeunes « ni en emploi ni en formation », en plénières dans son questionnement général (concept, historique, public et ses caractéristiques, problèmes et dispositifs de prise en charge au niveau européen, mais aussi en France et Belgique) et en ateliers dans ses aspects plus spécifiques (expériences, pratiques et postures en travail social). Dans les instances de reprise, les étudiants ont tenu à relever que le terme NEET tenait plutôt du dispositif d’action de l’Union Européenne. Il est porteur d’une vision politico-administrative. En aucun cas, il ne renverrait à une catégorisation socialement pertinente tant la réalité du public ainsi visée dépasse la situation de l’emploi et de la formation. Du coup, la terminologie paraît à la fois réductrice et trop englobante, elle ramène à une seule catégorie (les jeunes NEET) des franges diverses de la population juvénile en Europe. Par exemple, ont insisté M. Wagener et M.-C. Dieu, quels seraient les points communs entre des jeunes sans emploi peu scolarisés et ceux titulaires d’un bac +4 ou +5, ou entre ceux qui sont en attente d’une solution institutionnelle en adéquation avec leurs acquis, et ceux qui aspirent à un mode de vie alternatif au-delà des cadres sociétaux actuels ? Du coup les dispositifs proposés pour les NEET seraient davantage vécus comme une assignation par ces derniers qu’une réponse adaptée à leurs problèmes, comme l’a indiqué O. Bernet.
Le même type de questionnement se pose pour le dispositif d’accompagnement de jeunes mères, par exemple à la Maison des femmes d’Albi. Monique Calvet, la responsable, notait justement l’importance d’une approche différenciée, tout au moins personnalisée face aux jeunes. Mais, est-ce pour autant que le travailleur social en aurait suffisamment les ressources ? En d’autres termes, les conditions pour un engagement sont-elles toujours réunies pour une intervention individualisée ? En tout cas, pour nos intervenants belges, forts de leur propre pratique, le travailleur social devrait pouvoir en toute intelligence, sans se mettre hors-la-loi, repousser voire contourner les limitations inhérentes aux cadres politiques. Pour cela, le droit commun offre des espaces d’action, comme à tout citoyen du reste. C’est ainsi que la question des jeunes, NEET ou non-NEET, renvoie avant tout à leur propre engagement, entendu comme exercice de droits et de devoirs. C’est ainsi que se dessine un angle d’intervention pour le travailleur social qui - de principe - ne saurait réduire un jeune à sa relation à l’emploi ou à la formation, car il œuvre plutôt à l’inscrire dans une dynamique favorisant sa constitution en être autonome.
IFRASS Erasmus-International
Y. Gassama-Diop, quant à elle, tout en soutenant cette vision de travail social ajusté au public, note le contraste avec la problématique dans son pays le Sénégal. La catégorie NEET, avec toutes les réserves émises déjà, ne s’appliquerait qu’aux garçons. En effet, c’est sur eux seuls que s’exerce culturellement la pression socio-économique, les filles étant vouées aux charges domestiques en leurs propres foyers ou à l’ombre des tiers. Ainsi l’approche personnalisée en travail social trouverait vite ses limites dans les clivages sociaux traditionnels de sexe. A l’évidence donc, pour l’agent social, cela appellerait d’autres formes d’engagement basées sur la promotion des droits humains mais aussi politiques, à l’échelle communautaire et nationale.
A l’issue de cette semaine, nos étudiants entrevoient les ressorts de leur futur métier, lequel ne saurait être ramené à une prescription politico-administrative ou à une pratique micro-institutionnelle. Il conviendrait plutôt d’en trouver la valeur et la quintessence dans l’engagement respectueux et responsable pour autrui. Ainsi s’ouvriraient des portes pour une activité sur l’ici et l’ailleurs, à travers l’incontournable paradigme du localglobal, déjà au cœur des franges juvéniles de nos populations ! Alors, à la prochaine édition de la semaine internationale, en octobre 2017 ! En attendant, il y a la rencontre de Dakar, à laquelle plusieurs de nos invités souhaiteraient participer : Martin Wagener, Yves Ferdin, Marie-Claire Dieu, Annamaria Buda… ainsi que certains de nos partenaires locaux.